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A travers nos yeux... Takao San : le mont sacré de Tokyo

  • par Amandine
  • 29 oct., 2019
Situé à moins d'une heure de Tokyo, le Mont Takao ou Takaosan est, selon les guides touristiques, la montagne la plus visitée au monde. Non sans à priori, nous enfilons nos chaussures de rando à la découverte de ce site touristique majeur au Japon. On t'embarque avec nous... à travers nos yeux. Let's go!
Entre feuilles d'automne et sentiers en terre, tout est réuni pour une agréable randonnée à l'assaut du Mont Takao

On ne t’apprend rien, on préfère largement sortir des sentiers battus pour éviter la foule et découvrir des endroits authentiques. Pour autant, nous restons des touristes curieux. Nous visitons donc les sites touristiques incontournables et conseillés pour voir ce qu’il s’y cache et nous faire notre propre opinion.

Attention, nous n’y allons pas n’importe quand! Si possible très tôt le matin ou très tard le soir, en semaine hors saison, même que parfois la pluie s’invite… C’est donc lors d’une journée automnale et nuageuse que nous avons pris la direction du Mont Takao. Une journée parfaite pour notre première randonnée au Pays du Soleil Levant.

Les larges racines accompagnent les randonneurs tout au long du trajet

Avant la randonnée : le retour à la réalité

Le train express quitte la station de Shinjuku à 8h00. Nous mettons une heure pour rejoindre la station Takaosanguchi. Pendant les ⅔ voire même les 90% du trajet les va et vient des voyageurs sont constants. C'est en arrivant à la station 49 (nb : entre Shinjuku et Takaosanguchi il y a 53 stations), que nous prenons conscience du bruit constant auquel nous nous sommes habitués depuis notre arrivée. Les portes du train s’ouvrent, et là… il n’y a rien! Pas un passager, pas un bruit. On entend le silence, et on se surprend même à ressentir comme un vide. Seul le chant des grillons vient rompre ce moment de calme. On se prend en pleine face toute la pollution sonore du quotidien tokyoïte.

Cette sensation nous suit jusqu’à l’arrivée à Takaosanguchi, mais nous quitte rapidement. Les randonneurs sont bien présents, même si le temps brumeux semblent en avoir découragés beaucoup. La gare, entre pierres et piliers en bois, a un aspect plus montagnard. Nous sommes bien en dehors de Tokyo. 

Direction le centre d’information pour récupérer une carte de randonnée. La déception nous guette… En raison du typhon du week-end dernier, les chemins de randonnée 6 et 1 sont fermés en partie ou en totalité. Bien évidemment, ce sont ces chemins que nous visions pour faire le tour du Mont Takao… et nous n’avons trouvé aucune information à ce sujet sur internet. On ne leur jette pas la pierre, nous avons sans doute mal cherché. L’hôtesse d’accueil ne semble pas comprendre nos mines attristées. En nous demandant si nous avons des typhons en France, elle nous explique que suite à de tels événements naturels il est normal que de nombreux sentiers de randonnée soient fermés. De Tokyo nous n’avions pas ressentis la force du typhon, nous en prenons conscience aujourd’hui.

Déçus, nous cherchons rapidement un plan B, et un nouveau trajet. Il est hors de question de faire demi-tour au vu du prix du trajet. Payer 500 yens pour prendre le téléphérique à l’aller ou au retour ne nous enchante pas non plus… Une seule solution s’offre à nous : faire l’aller-retour via le chemin Inariyama, seul chemin accessible. 

Carte des randonnées du Mont Takao

Après un premier tampon, nous rejoignons le point de départ de tous les sentiers au pied du téléphérique. De nombreuses personnes attendent d’être conduites au sommet. Beaucoup de parents accompagnés de leurs enfants habillés en tenues traditionnelles patientent. Ils tiennent une petite branche synthétique avec les feuilles rouges et or des érables en plein Koyô. On apprendra plus tard qu’il y avait une procession dans le temple Yakuoin. Suite à ces contemplations, deuxième tampon trouvé, nous voilà partis pour l’ascension de cette montagne sacrée.

Le sentier grimpe légèrement en sous-bois. Des escaliers faits de rondins de bois, sans doute pour ne pas glisser sur la terre humide, sont disposés tout le long. On les rencontre très vite en ce début de parcours. De nombreuses personnes débutent l’ascension en même temps que nous. Grâce à cette première randonnée, nous nous rendons compte que la communauté des randonneurs est internationale. Un bonjour en se croisant, un merci ou un excusez-moi lorsqu’on vous laisse passer, mais surtout des sourires, du respect et de la bonne humeur. Autant d’éléments qui caractérisent le randonneur et le différencie de nombre de touristes. Que ce soit en France ou au Japon, on retrouve les mêmes valeurs. Il est tellement agréable de pouvoir échanger avec toutes ces personnes.

Un groupe scolaire est présent (comme de nombreux autres). Les enfants, âgés très certainement entre 4 et 6 ans, nous lancent de nombreux “hello”, “ohayo gozaimasu”, “americajin desu” (ce sont des américains). Nous échangeons rapidement avec leur maîtresse. En partant le groupe cri en cœur un “bye bye”. Des moments si simples mais si beaux. Nous voilà motivés pour la journée.

Et sinon le chemin dans tout ça? Nous marchons sur la terre jusqu’au sommet, certains endroits sont plus boueux que d’autres, mais le chemin est relativement plat. De grands arbres entourent le sentier et forment un tunnel que nous suivons volontiers jusqu’au sommet. Nous nous retrouvons dans une jungle luxuriante et humide. Les arbres sont d’un vert magnifique. Les racines jaillissent de part et d’autres sous nos pieds formant des marches naturelles. L’endroit est magique.

La vue est peu dégagée. Il faut attendre le tout petit belvédère du Mont Inari, pris d’assaut par un groupe de retraités, pour apercevoir l’horizon sous les nuages.

Quelques panneaux informatifs sur les serpents mortels (ma phobie) sont présents par moment. On trouve des vestiges d’un cocon tombé lors du typhon, la chenille à côté… Quelques arbres sont déracinés ci et là... Le sentier est toutefois très propre. Seuls les escaliers, bien trop nombreux à notre goût viennent ternir le moment. ça se finit quand? Nos fessiers doivent être les seuls à apprécier le moment…

Tout le long du chemin, des ouvertures dans les arbres offrent un panorama qui, même sous la brume, se révèle magnifique

Le sommet du Mont Takao sous les nuages

Nous le savions, il était peu probable d'apercevoir le Mont Fuji aujourd’hui. D’ailleurs nous ne voyons pas grand chose, l’horizon est sous les nuages. Toutefois, les reliefs qui ressortent sont magnifiques et nous laissent rêveurs. Notre imaginaire créatif prend le relais et invente l’histoire des montagnes voisines.

Quelque soit le temps, il ne faut pas s’attendre à une vue à 360° degrés ici. Au sommet on trouve de nombreuses aires de pique nique, des bancs, des toilettes, des snacks et autres marchands ainsi qu’un centre d’information avec une exposition sur la faune et la flore du Mont Takao. On y trouve aussi un nouveau tampon (la base, ne pas l’oublier). Le sommet du Mont Takao est donc bien loin de l’image du sommet d’une montagne.  

Une dame japonaise qui vient régulièrement au sommet nous aborde. Dans un japonais approximatif on comprend que nous devrions voir le Mont Fuji, mais que ce ne sera pas le cas aujourd’hui. En guise de consolation, elle nous offre une photo prise par elle-même en juillet dernier du Fujisan. Très gênés nous acceptons, et lui donnons notre carte de visite en échange, n’ayant que ça sur nous.

Alors que nous nous installons pour manger un bout au milieu de la place, une jeune japonaise vient nous accoster en anglais. “Nous enregistrons une émission de TV, souhaitez-vous y participer?”. Deux, trois regards interrogatifs, nous acceptons. Cette journée est faite d’imprévus donc autant continuer sur cette lancée. L’enregistrement dure une bonne demi-heure. Il s’agit d’un reportage fait pour l'émission “Konya wa Nazotore” diffusée sur la chaine Fuji TV. Non-retransmise en ligne, il est donc peu probable que nous voyons le résultat si nous sommes diffusés en décembre.

Après nous êtres présentés, nous parlons longuement de randonnées et de notre futur projet, 2 mois de marche sur les traces du “Pèlerinage de Shikoku”. S’en suit deux moments plus ludiques. Une pancarte avec 4 visages d’hommes japonais nous est présentée. Nous devons dire avec qui nous aimerions faire une randonnée et pourquoi, mais également avec qui nous ne voudrions pas. Sans explication du but, on devine que ce petit test vise à montrer aux japonais l’importance de l’expression du visage afin d’être (encore plus?) accueillant envers les étrangers, ou peut-être entre eux tout simplement. (On peut l'appliquer pour toutes les nationalités ceci dit!) 

La deuxième activité consiste à mémoriser un kanji pendant 10 secondes, de le reproduire sur une ardoise et d’en deviner la signification. Si la mémorisation m’allait bien, Matthieu est bien plus doué pour en deviner le sens. L’enregistrement fini, nous discutons quelques temps avec les reporters avant de reprendre notre route en direction de l’arrivée du téléphérique.

En optant pour le sentier n°4, nous avons le droit à un chemin plus sauvage et plus désertique. Si la flore est toujours la même, la main de l’homme a cette fois construit un unique pont de bois en suspension, le Miyama Bridge. A la Indiana Jones nous traversons d’un pas assuré cet ouvrage (qui bouge légèrement sous nos pieds). Nous recroisons la gentille dame japonaise accompagnée cette fois d’un japonais francophone. Après avoir échangé quelques mots, nous voilà au point d’arrivée du téléphérique. Entre Parc de singes payant et petite zone commerciale, nous nous rappelons vite que ce lieu est hautement touristique.

Heureusement pour nous, un banc libre face à un panorama exceptionnel se libère. Nous savourons donc nos onigiris au thon préparés avec amour par Matthieu devant un décor montagnard sous la brume.

Dansons sous la pluie

Quelques gouttes de pluie nous réveillent. Un petit thé chaud acheté dans un distributeur automatique et nous voilà repartis en direction du sommet. Ce n’est pas la pluie qui va nous arrêter, mais le temple Yakuoin!

Sans doute le deuxième point d’intérêt de cette montagne après la vue sur le Mont Fuji. Un temple assez simple en soi. La situation lui donne beaucoup de cachet et ce malgré la pluie. Cette dernière s’intensifiant nous ne nous attardons donc pas au temple. D’autant que nous sommes peu équipés. Nos protèges-sacs qui nous suivent partout font grèves aujourd’hui. On se sent un peu minables en comparaison de nombreux japonais qui sont parés à toutes les éventualités. Tant pis, on sort une serviette pour protéger l’appareil photo et un éco-bag pour couvrir un peu mon sac, et en avant guingamp!

On rejoint une deuxième fois le sommet du Mont Takao. Quasi-désertique, nous nous trouvons cette fois dans les nuages avant d’entamer la descente du sentier Inariyama. Les escaliers nous semblent encore plus interminables que ce matin. On a réellement grimpé tout ça? On s’impressionne nous même… Mais nous n’avons pas vraiment le temps d’y réfléchir. La pluie et le brouillard nous transportent ailleurs. Un voile brumeux léger traverse les arbres conférant à cette forêt des allures mystiques et magiques.

Nous ne sommes pas les seuls à marcher sous la pluie, un jeune couple fait l’ascension en petites chaussures et avec un seul parapluie. Cette insouciance et ce bonheur est communicatif. Nous courons, rigolons, faisons des photos avant de rejoindre le point de départ.

Balade rapide dans l’unique rue commerçante du village et petit détour par le sanctuaire Hikawa avant de nettoyer nos chaussures grâce aux sceaux et aux brosses mis à disposition devant la gare. Quel bonheur de pouvoir enlever toute cette boue avant qu’elle ne sèche et surtout de ne pas avoir à le faire chez soi. Les japonais pensent à tout, et surtout à ne pas salir les trains. L’heure du retour est arrivée, mais pour ceux qui le souhaitent il est possible de prolonger la journée soit au onsen ou au musée Trick Art situés face à la gare.

Yakuoin Temple. Sous la pluie, il nous offre sa plus belle tenue...

En conclusion, nous ne sommes pas du tout déçus de cette journée. Malgré un début un peu chaotique (du moins dans nos têtes), la journée a été parfaite. Encore une fois, les imprévus démontrent qu’ils ont une meilleur saveur que la journée toute tracée. Grâce à eux nous avons pu voir et faire des choses que nous n'imaginions pas.

Certes nous n’avons pas vu le Mont Fuji, mais nous le verrons ailleurs c’est certain. Takaosan reste un incontournable à faire, et surtout un endroit accessible pour tous. A chacun de choisir sa façon de le découvrir et de se faire son parcours en fonction de ses capacités et de ses moyens.

                                                       Amandine




Notre itinéraire à pieds

Distance : environ 10km

Durée : selon le guide de randonnée environ 5 heures. C’est le temps que nous avons mis en comptant les nombreuses pauses au sommet, aux temples et sanctuaires ainsi que la pause repas. Prévoir une journée est toutefois idéal pour profiter pleinement de l’endroit.

Itinéraire : Sentier Inariyama -- sentier n°4 ► sentier n°1 jusqu’à la station Takaosan ► sentier n°1 jusqu’au sommet du Mont Takao ► retour par le sentier Inariyama


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