Fin anticipée du PVT : retour à cœur ouvert sur notre expérience
- par Les Lions Baroudeurs
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- 23 mai, 2020
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Un mois après, nous vous partageons nos ressentis sur notre retour en France.

Épuisement moral
7 mois. C'est le temps qu'aura durée notre aventure nippone. Le COVID-19 a eu raison de nous, non pas physiquement, mais psychologiquement.
Que devons-nous faire? Comment va se dérouler la suite? Va t'on pouvoir profiter pleinement de notre aventure, et surtout suivre notre programme? Pourra t'on rentrer en septembre sans difficultés?
Alors que nous venions d'entamer mi-mars la vraie partie baroudeuse du voyage, la situation sanitaire ne permet plus de suivre le programme de l'aventure. Rentrer ou rester ? Oui mais rester pour faire quoi? Et pour combien de temps? Quid de nos économies? Va t'on réellement profiter lorsque l'état d'urgence sera levée ? Si l'on décide de rentrer, va t'on le regretter? Que va t'on faire? Intérieurement serons-nous plus en paix en France ou au Japon?
Si de nombreuses questions nous traversaient l'esprit depuis 1 mois, c'est surtout cette dernière interrogation qui a clos la réflexion. Plus qu'un voyage de découverte, cette année au Japon était avant tout un voyage avec nous-même. Peut-on réellement profiter du voyage si notre esprit n'est pas présent à 100%?
Après avoir passé 21 jours en road-trip sur les routes du sud-ouest de l'île principale, nous pouvons vous donner notre réponse.
Oui, vous pouvez profiter à 100% de vos découvertes et continuer à vivre une expérience fabuleuse. Non, lors de vos moments de repos et de pause votre esprit s'emballe. Même si vous le souhaitez il sera difficile de se couper de l'actualité. Encore plus à deux! Lorsque l'un est préoccupé, l'autre est serein; et inversement. Les nuits sont courtes ou du moins perturbées. Heureusement que les journées sont magiques.
Nous n'avions pas envie de revivre la même chose alors que la tente devenait notre résidence principale pour les 5 prochains mois.
Pour en savoir plus sur les raisons de notre retour, c'est sur cette vidéo que nous avons exposé les motifs de notre décision.

Faire le deuil de son aventure
Un mois après, comment nous sentons nous? Comment vivons nous cette période de retour anticipée dans une situation exceptionnelle de confinement?
Si nous reviendrons sur le retour et les réactions à chaud ultérieurement, nous pouvons vous dire une chose. Lorsque la décision a été prise, nos esprits se sont enfin apaisés. Libérés d'un poids nous avons pu profiter au mieux (dans les conditions d'état d'urgence) de ces derniers jours.
Mais comme tout deuil il y a des étapes à franchir. Il faut accepter que seul le temps peut apaiser nos peines.

1 - Le déni
Sans surprise le "deuil" débute par une phase de déni. Chez nous, il aura duré environ deux petites semaines (1 au Japon, 1 en France). Plus que de parler de déni, nous pourrions dire que nous avons vécu une phase de sérénité. Grâce aux diverses occupations (dernières visites, derniers achats, vols, trajets retours, prendre possession de son nouveau lieu de vie, ...), à la fatigue accumulée et au jet lag, nos esprits n'avaient pas vraiment le temps de penser.
Lorsque la décision de rentrer est prise, votre esprit s’allège. Votre choix est fait. Vous savez dorénavant où vous allez et ce que vous allez faire. Le poids qui pèse sur vos épaules tombe. Vous êtes peut-être soulagé ou triste, mais vous êtes surtout léger. Comme lors d'un typhon, après la tempête, le calme apparaît. Profitez en pour vous reposer et vous apaiser. Une fois l’œil du cyclone passé, le tourbillon incessant de vos pensées reprend de plus belle.

2 - Entre culpabilité, peur et colère
Très vite culpabilité, remords et colère se manifestent. Culpabilité et remords d'avoir abandonné si vite, d'avoir lâché un rêve alors que la partie du programme que nous attendions le plus débutait. Culpabilité et remords de rentrer en France pour être enfermés, pour ne rien pouvoir faire. Colère de voir que d'autres personnes sont restées pour vivre leur rêve. Et si elles avaient raison? Colère et culpabilité d'avoir été aussi faibles, d'avoir été submergés par nos émotions et par les médias.
De toutes ces émotions, c'est la peur qui est la plus dure à gérer. Peur d'être en France. Peur de retrouver sa vie d'avant (qui ne sera jamais plus comme avant). Peur de revoir sa famille et ses amis. J'ai une boule au ventre quand le téléphone sonne. Je n'ai pas envie de parler de notre aventure. Pas maintenant. J'ai une boule au ventre quand je sais que je dois voir quelqu'un. J'ai peur d'aller faire des courses à la supérette du coin. Et si je croisais quelqu'un? J'ai peur. J'ai honte d'avoir peur.
Comme nous, vous penserez peut-être avoir peur du jugement d'autrui. Cette peur n'est pourtant pas liée au regard des autres. En partant, vous êtes déjà allés à l'encontre du "politiquement correct" de notre société et des comportements attendus. Ce que pense les autres n'a pas d'importance. Vous serez d'ailleurs surpris par la bienveillance, la patience, l'amour et la compréhension de votre entourage.
Cette peur est bien plus profonde. Elle est le reflet d'une blessure intérieure que seul le temps peut refermer. Cette peur nous empêche de voir notre entourage ou encore de faire les courses. Cette peur nous enferme dans notre cocon. Cette peur nous isole. Cette peur a pourtant un rôle bien précis. Elle nous protège de la réalité. Elle nous maintien dans un monde parallèle imaginaire, dans un cauchemar que l'on espère voir s'arrêter. En passant outre cette peur, la réalité apparaît.
En allant au-delà de notre peur, nous avons mis fin à l'aventure nippone. Notre rêve préparé pendant 3 ans s'arrête à cause de quelque chose d'imprévisible, d'irrésistible et d'extérieur (petit clin d’œil aux juristes qui nous lisent). En "bon père de famille" nous avions pourtant tout anticipé. Malgré cela nous ne réaliserons pas la partie du séjour dont nous avions le plus hâte. Celle qui nous animait, notre carotte. Cette partie qui allait plus que jamais nous faire sortir de notre zone de confort.
Le temps de cette phase est variable selon chacun. Le temps et les émotions ressenties sont d'ailleurs différentes entre nous deux. Si chacun gère cette phase à sa manière, seule l'acceptation de ses émotions négatives et difficiles permet d'avancer.

3 - L'acceptation
Alors en silence j'accepte. Je laisse mes larmes s'échapper. Je laisse mon ventre se nouer. Je ne lutte pas quand je ne trouve pas le sommeil. Lorsque je n'ai pas envie de parler, j'écoute. Je ne me force pas. J'aurai envie mais je n'y arrive pas. J'accepte de vivre ces moments plus douloureux. Ils font partis intégrante du processus.
Nous acceptons. Nous savons que derrière chaque épreuve une chose magnifique nous attend. Nous savons qu'il y a des choses bien plus graves. Nous savons que notre rêve n'est pas fini. Nous acceptons parce que nous avons choisi dès à présent de rebondir. Notre voyage personnelle peut continuer en France, ou en Europe dans l'attente de repartir un jour.
Nous acceptons parce que nous faisons confiance à notre intuition qui nous a toujours mené là où nous devons être. En 7 mois nous avons grandis et évolués. Il faut accepter que nos envies initiales ne sont plus les mêmes quelques mois après et que nous ne voyons plus notre vie psychique et matérielle de la même façon.


La peur de l'abondance matérielle
En partant avec rien, on s'aperçoit rapidement des avantages de ne rien avoir. On comprend surtout que l'on est déjà si riche intérieurement et que l'on se suffit à soi-même. Par la possession matérielle on cherche à combler un manque, un besoin, un vide intérieur. On comble notre vie pour ne pas affronter nos peurs ou nos démons. Ne rien avoir c'est permettre de se retrouver, de vivre en harmonie avec soi, mais surtout d'être totalement libre et indépendant.
Heureusement pour nous, et grâce au COVID-19, nous avons passé nos trois premières semaines en France dans une maison en vente. Cuisine, salle de bain, matelas et un immense jardin étaient à notre disposition. Un luxe à nos yeux!
Ce retour prématuré étant l'occasion d'affronter les peurs et démons que nous avons fuit, nous avons rejoins l'une de nos familles au déconfinement. La première chose que nous avons fait? Vider la chambre, dire au revoir à cette oppression matérielle, au poids du passé et laisser la place à la liberté, à la sérénité, à notre nouveau nous.
Un mois après une nouvelle chambre et beaucoup de cartons à trier nous entourent... Ce sera bientôt au tour de notre deuxième toit d'être modifié avant de trouver notre vrai chez nous.


Quand la sérénité et l'apaisement l'emportent
Après avoir accepté ses émotions et affronter ses peurs, un matin vous vous réveillerez heureux et serein.
De nature optimistes, nous voyons le verre à moitié plein. Si cela a été dur les 3 premières semaines après notre retour, nos esprits sont désormais plus apaisés. Plus d'un mois après deux parts de nous se chevauchent encore :
- celle qui espère que la situation se calme, que les frontières rouvrent pour repartir et finir notre voyage au Japon ou dans un ou plusieurs autres pays,
- Celle qui espère que la situation va perdurer, pour obtenir le remboursement de nos billets retour évidemment, mais aussi pour continuer le travail de développement personnel, et parcourir la France voire l'Europe entre treks et road-trip.
Désormais nous savons que ce voyage avait pour but premier de nous découvrir. Cette aventure continuera où que l'on soit, mais surtout perdurera toute notre vie.
Vous hésitez à mettre fin prématurément à votre PVT? Notre conseil est simple : suivez votre instinct. Certes, il sera sans doute difficile de prendre la décision et encore plus de vivre les émotions qui suivent, mais une chose est certaine. Votre intuition vous mènera toujours là vous devez être.
N'hésitez pas à partager en commentaire et en message votre expériences de retour (anticipé ou non), vos doutes et questionnements :)
Matthieu & Amandine
Quelques photos de notre belle Dordogne




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