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A travers nos yeux... Kamakura: entre station balnéaire et pèlerinage

  • par Amandine
  • 17 nov., 2019

Kamakura est sans doute la station balnéaire la plus touristique du Japon. Et pour cause, cette ville rassemble à elle seule une dizaine de temples bouddhistes et de sanctuaires shintoistes. Nous saisissons l’opportunité d’une journée ensoleillée pour partir à sa découverte. Enfiles ton short et tes nus-pieds, et vient passer la journée au bord de l’océan pacifique… à travers nos yeux. Let’s go!

L'océan pacifique, une merveille au coucher de soleil. Un repos bien mérité après une journée de vadrouille entre routes et temples

La journée appartient à ceux qui se lèvent tôt

Réveil matinal. Une longue et belle journée nous attend. Il faut compter environ 70 minutes pour rejoindre Kamakura depuis Uguisudani. Le soleil tape fort, le ciel est d'un bleu magnifique. Il fait déjà très chaud, il est pourtant à peine 8h.

Arrivés aux alentours de 8h30 à la station de Kamakura, nous ne sommes pas les seuls. D’autres touristes se sont levés tôt, et pour cause, nous partageons tous le même programme : une journée bien chargée. Carte de la ville en mains, direction la rue commerçante Komachi Dori. A cette heure matinale, peu de commerces sont ouverts, on repassera donc plus tard. Pour le moment l’un des plus gros sanctuaire (si ce n’est le plus gros) de la ville nous attend. Par chance, il y a encore peu de monde.

Le sanctuaire Tsurugaoka Hachimangu fondé en 1063 par Minamoto no Yoriyoshi est le petit frère du sanctuaire Iwashimizu Hachimangu à Kyoto. L’avenue Wakamiya-Oji qui traverse la ville de façon longiligne jusqu’au sanctuaire offre un merveilleux point de vue. On ressent déjà l’immensité du lieu, sa beauté mais aussi sa force. L’imposant torii vermillon qui jouxte la route est splendide. Il nous accueille tout en allongeant l’avenue dans l’enceinte même du bâtiment religieux. Traversée d’un petit pont avant de marcher le long de l’allée menant au bâtiment principal. Les arbres bien verts sont magnifiques. Le soleil continue de chauffer. L’endroit est si calme et paisible. Un moment magique!

Le sanctuaire Tsurugaoka Hachimangu en impose de par sa prestance

Qui a dit que la curiosité est un vilain défaut?

On continue la visite à l’est du sanctuaire, sans doute dans une zone moins touristique de la ville. On décide de se perdre dans les ruelles aux couleurs et odeurs si magiques pour rejoindre les différents temples et sanctuaires de la ville. Et oui, venir à Kamakura c’est avant tout faire le tour de l’ensemble de ces enceintes religieuses. Un endroit parfait pour ceux qui ne restent que quelques jours à Tokyo.

Le premier temple sur notre chemin est entouré par une forêt. Une forte envie de s’y perdre nous prend, malheureusement aucun accès ne nous le permet. On continue donc notre route agrémentée de l’odeur de ces merveilleux arbres aux senteurs de pêches/abricots.

Arrivés à un nouveau temple, Matthieu s’essaie au lancé de coupelles pour évacuer les tensions et éloigner les mauvais esprits. Est-ce la magie du moment ou un simple effet psychologique? Quoi qu’il en soit, lancer de la vaisselle contre un mur a le pouvoir de conférer de l’apaisement.

On retrouve une ambiance très proche de chez nous. Un petit pont de pierre, des rues étroites, un fossé de chaque côté. Une petite rivière, des arbres, … comme dans nos villages campagnards. L’odeur de pêche nous arrête dans notre conversation (encore!). Une odeur qui nous apaise et nous embaume. On voudrait s'en asperger tant elle nous attire. On aimerait vous la faire sentir. Une odeur douce et sucrée tout en légéreté. Un bonheur olfactif. Comme dans “Le parfum” on veut capturer son essence et la garder avec nous!

On poursuit notre périple en direction du premier temple bouddhiste de Kamakura, le Sugimoto-dera. Non prévu au programme, son grand escalier qui s’enfonce dans les arbres nous attire. Après un petit temps d’hésitation (l’entrée étant payante), on se laisse happer par notre intuition mais surtout notre curiosité.

Le sugimoto-dera, temple perdu au milieu des arbres, est d'un calme absolu

Que cachent ces arbres?

Notre curiosité nous récompense. Après avoir grimpé le long escalier (qui se mérite), un très vieux temple authentique et conservé se dévoile sous nos yeux. En vieux bois, on comprend qu’il n’a pas été reconstruit ni même rénové. Simplement entretenu et maintenu en l’état, la mousse présente sur les nombreuses pierres raconte son histoire. De vieux escaliers en pierres sont d’ailleurs fermés. La magie du lieu opère. Nous nous retrouvons face à une merveille où seuls quelques visiteurs ont osés franchir le seuil.


Un peu d’histoire pour les plus curieux : construit en 734 par Fusasaki Fujiwara à la demande de l’impératrice Komyo, ce temple a vu consacrer trois kannon. Désigné comme premier bureau de distribution d’amulettes dans l’est du Japon, l’empereur y fait lui même un pèlerinage. Il est suivi par de nombreux pèlerins. Selon la légende, lors d’un incendie en 1189, les trois kannons sont ensevelis sous un large cèdre. Ils sont depuis appelés “Sugimoto-no-Kannon”, à savoir les Kannons sous le cèdre. Ils donneront leur nom au temple.


D’un coup nos cœurs manquent un battement. Est-ce vraiment toi? Est-ce toi qui t’offre à nous au milieu des arbres et des nuages? On a tant rêvé de toi et tu es là! Si majestueux te tenant fièrement devant nos yeux. Un moment volé en tête à tête loin de toute cette foule. Sacré Mont Fuji, merci pour ce moment merveilleux!

C’est les yeux remplis d’étoiles que nous repartons, longeant le ruisseau avant d’arriver au temple Hôkoku-ji. Si époustouflant et si bien entretenu. Un jardin japonais magnifique, une pelouse soignée au millimètre près. Un petit temple si calme et si apaisant. Seuls les oiseaux s'en donnent à cœur joie. De la vieille pierre au bois ancien, cet endroit continue de nous transporter dans notre conte de fée. La petite touche de soleil entre les arbres, l'odeur de la flore, … une merveille pour les sens.

La photo ne reflète pas la réalité, mais permet d'avoir un petit aperçu du Mont Fuji

Retour à la réalité

On poursuit notre chemin dans une petite allée. Rochers d'un côté et ruisseau de l’autre nous transportent jusqu’à une zone résidentielle. Il est possible de rejoindre les temples du sud par un ancien chemin. Enfin, nous aurions peut-être dû prêter davantage attention au "impassable" inscrit sur les panneaux… Route fermée et bloquée, nous continuons notre découverte de cette zone pavillonnaire située au milieu des bois. Un corbeau croasse et nous préviens, nous nous dirigeons droit vers un cul de sac... C'est encore un cul de sac! En avant pour le demi-tour. Ce détour permet de ressentir et voir le quotidien des habitants.

Direction les temples situés au nord-ouest de la ville. Ils sont tous payants mais aussi très touristiques. Nous croisons énormément de personnes à pieds, en voiture, en bus… L’est n’a pourtant rien à envier à l’ouest. Les temples sont effectivement plus gros, sans doute mieux entretenus (et encore!), mais surtout noir de monde. En repassant dans le sanctuaire Tsurugaoka Hachimangu nous sommes bien contents de nous être levés tôt… la foule est impressionnante.

Le temple Kenchô-ji semble immense entre les bâtiments et le parc. Nous nous retrouvons face à un choix cornélien. Doit-on y aller? Trois grands bus garés juste devant l'entrée nous refroidissent. Certains endroits sont également inaccessibles en raison du typhon. Nous ne pourrons donc pas nous balader dans les bois qui l’entourent. Payer le prix fort pour ne pas pouvoir tout voir nous rebute un peu. Tant pis nous passons notre chemin. Nous y reviendrons peut-être, qui sait?


Un peu d’histoire : il s’agit du temple principal de la secte Kencho de l’école Rinzai. C’est également le plus vieux monastère d'entraînement à la méditation zen a été fondé en 1253 par Tokiyori Hojo. Temple Zen Bouddhiste, il est dédié au bodhisattva Jizo.


Il n'est pas obligatoire de faire uniquement les temples payant pour voir de belles choses. Le temple Hokoku-ji abrite en son centre un petit jardin japonais de toute beauté

Il est où mon portefeuille...

Notre route se poursuit vers les autres temples. Ils semblent tous plus splendides les uns que les autres. Ces temples nous attirent, mais leur prix nous rebutent. Ils ne sont pas excessifs individuellement, mais mis bout à bout, cela commence à faire une belle somme.

Kamakura a su nous séduire jusque-là. Les lieux visités sont magnifiques mais nous ne pouvons nous empêcher de penser que nous sommes des vaches à lait. Tout est payant, pourquoi alors que tant d'autres endroits magnifiques trouvés par hasard sont gratuits? Le tourisme sans doute? Très certainement. La raison première s’explique sans doute par le fait que les bâtiments religieux sont autonomes financièrement. Ils ne reçoivent aucune subvention de l’Etat. Seuls les dons, les achats et donc le prix des entrées financent les travaux, la vie du temple, … Pourquoi se priver d’un revenu aussi juteux dans cette ville si touristique?

Nous nous contenterons de rejoindre les parcs pour notre plaisir mais surtout pour nous éloigner de la foule. Un petit chemin coupe à travers bois et permet de rejoindre le parc genjiyama. Enfin un premier panneau nous avertit du danger et de l’impossibilité de l’emprunter. Seul un petit plot tout kawaii posé à l'entrée nous barre le chemin, nous décidons de tenter. De nombreux arbres sont couchés, cassés voire déracinés. Pour autant le chemin est très praticable et bien entretenu. Deux personnes arrivent du sens opposé. La dernière, un japonais nous indique que la suite du chemin est condamnée. Bornée (oui moi seule) on y va quand même, il reste seulement 300 mètres avant d'arriver au parc. Et là effectivement... le typhon a fait quelques dégâts. De nombreux arbres entravent le chemin. Il faudrait se faufiler à l'intérieur. Je descend un peu plus bas glisse dans la terre humide. Nous faisons demi-tour, déçus de devoir rejoindre le parc par la route!

Heureusement pour nous, ce petit détour est l’occasion de découvrir le temple gratuit Kaizo-ji. Outre son charmant petit jardin, il renferme un sanctuaire dans une petit grotte. Un endroit insolite à visiter.

Insolite, oui, mais pas autant que notre prochaine découverte. Selon la légende le sanctuaire Zeniarai Benzaiten aurait été construit par Minamoto Yoritomo. Il aurait reçu un message divin en rêve lui disant “d’utiliser l’eau de ce lieu en guise de prière au dieu, et le monde entier serait en paix”. C’est toutefois plus tardivement que ce lieu est devenu célèbre. En effet, grâce à Hojo Tokiyori qui a lavé son argent avec cette eau priant pour la prospérité de sa famille, cette eau est connue pour laver son argent et ainsi obtenir le succès financier. Cette eau est appelée Zeniarai-mizu (eau lave-argent). Elle est l’une des cinq eau les plus célèbre de Kamakura.

Outre l’accès par un tunnel taillé dans la roche, ce sanctuaire lui-même est taillé en partie dans la roche. Un lieu atypique incontournable.

Une dernière petite info, le rêve ayant été fait le jour du serpent, le mois du serpent et l’année du serpent, ce sanctuaire est dédié à Benten, déesse bouddhiste associée aux serpents.

Le grand Buddha de Kamakura est certes beau, mais au regard du monde et du prix nous lui préférons celui situé à Itabashi, gratuit et beaucoup moins connu!

Une si grosse déception...

Sur cette découverte nous partons vers notre but ultime du jour : découvrir le célèbre Grand Bouddha assis du temple Kotoku-in. Situé en plein air, il était auparavant recouvert par un hall emporté lors d’un tsunami en 1495. Haute d’environ 12 mètres et pesant 120 tonnes, il est possible de le visiter contre 20 yens supplémentaires (à additionner aux 300 yens d’entrée - 200 yens avant la coupe du monde de rugby). Trésor national, ce bouddha est également connu sous le nom de Kamakura Daibutsu.

Nous nous attendions à y voir du monde, ce n’est donc pas la foule qui nous a déçu. Le temple ne présente aucun intérêt mis à part le Bouddha. Oui il est grand, oui il est beau, mais il ne dégage rien. Peut-être est-ce la fatigue de la journée, la lassitude? Quoi qu’il en soit nous ne prenons aucun plaisir dans cet endroit, et nous empressons de fuir ce temple remplis de français…

Nous finissons la balade sur la plage Yuigayama au bord de l’océan pacifique. L’endroit est magnifique. Quelques îles face à nous, de la végétation sur les falaises environnantes, des coquillages, mais surtout un splendide coucher de soleil. En cette fin octobre, nous enlevons nos chaussures pour un bain de pied automnal. L’eau est très bonne, on marche, on saute et on prend de nombreuses photos. Un brin d’insouciance, un lieu paradisiaque. Une merveilleuse touche pour finir la journée.

Enfin, non la plus belle touche est sans doute le torii Danzakura situé au nord de la rue Wakamiya-oji. Dans l’axe du torii d’entrée du sanctuaire Tsurugaoka Hacimangu et éclairé par de nombreuses lanternes, il offre un spectacle magique. Dernier détour par le sanctuaire qui a retrouvé son calme. Nous repartons des étoiles plein les yeux, fatigués mais heureux des belles découvertes offertes par cette merveilleuse journée.

Kamakura reste un incontournable pour une visite au Japon pour ceux qui ne souhaitent pas s’éloigner de Tokyo. Prépares-toi à être au milieu des touristes et à payer, à moins de sortir des sentiers battus et de te contenter des magnifiques endroits gratuits.

                                                       Amandine


Notre itinéraire à pieds

Distance : environ 21 kilomètres

Durée : prévoir une journée entière

Itinéraire : kamakura station ► Komachi-dori street ► Sanctuaire Tsurugaoka Hachimangu (gratuit sauf le musée 300Y) ► Sanctuaire Egaratenjinsha (gratuit) ► Sanctuaire Kamakuragu (300Y mais nous n’avons rien payé) ► Temple Sugimotodera (200Y) ► Temple Jomyoji (100Y) ► Temple Hokokuji (temple gratuit, forêt de bambou 300Y) ► Temple Kenchoji (500Y) ► Temple Meigestsuin (500Y) ► Temple Engakuji (300Y) ► Temple Jochiji (200Y) ► Sanctuaire Kuzuharaoka (gratuit) ► Temple Kaizoji (gratuit) ► Parc Genjiyama (gratuit) ► Sanctuaire Zeniarai Benzaiten (gratuit) ► Temple Kotokuin (grand Bouddha) (300Y) ► Temple Hasedera (400Y) ► Plage Yuigahama ► revenir à la station par le rue Wakamiya




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