Un jour au Mont Haruna, voyage inattendu sur un volcan éteint

Nous n’avions prévu que de la traverser. Le destin en a décidé autrement. Grâce à la crevaison d’un pneu de notre voiture de location, nous avons bénéficié d’un jour supplémentaire de road-trip. Enfiles tes chaussures, et monte à bord de notre voiture de location toute pimpante… en direction de la préfecture de Gunma, et plus particulièrement du volcan éteint Haruna. Let’s go!

Le volcan éteint Haruna nous était totalement inconnu avant ce vendredi 29 novembre 2019. Situé à proximité de notre trajet retour, nous avons profité de ce jour supplémentaire de road-trip pour nous y arrêter quelques heures. Nous nous laissons porté par notre instinct et notre gps pour explorer cette zone touristique prisée des japonais lors des beaux jours. Une chose est sûre, ils ne nous ont pas trompé.

Un réveil avec vue sur les montagnes

Un road-trip n'en serait pas un si nous n’avions pas passé cette dernière nuit dans la voiture de location sur une michi-no-eki (aire de repos). Nuit courte, sommeil entrecoupé par le froid. Les Alpes Japonaises ne nous épargnent pas mais nous offrent un magnifique cadeau. Le lever de soleil sur les montagnes dégagées nous fait vite oublier la température négative et la fatigue. Émerveillés nous reprenons la route avec la ferme intention de savourer ces heures bonus.

Des rencontres magnifiques…

Notre première visite de la journée se trouve sur le flanc sud du volcan. Un immense torii vermillon encadrant la route nous stoppe. C'est dans un “hameau” perdu au milieu de la forêt et vidé de toute âme que nous faisons notre première halte. Un bus fait de même et apporte avec lui quelques personnes. Nous voilà rassurés, nous ne serons pas les seuls à partir à l’assaut du sanctuaire Haruna. Nous serons 5!

Et autant vous dire que ce sanctuaire se mérite. D'une part il est bien caché tout en haut du hameau, et d'autre part, il faut grimper un peu avant d'atteindre sa porte principale. Mais quelle récompense! Dès l'entrée du sanctuaire nous comprenons que cet endroit sera magique. Le sanctuaire est très grand. Situé dans les profondeurs de la montagne au bord d’une rivière, il faut compter environ 10 minutes de marche pour rejoindre le bâtiment principal depuis l'entrée. Le chemin s'apparenterait presque à un parcours initiatique ou plutôt à une mise en condition psychique. Au fur et à mesure de la balade, il nous transporte ailleurs. 

La porte d’entrée donne le ton, le chemin pavé amène à l’apaisement. On y trouve tout le long les statues, mais également un tunnel taillé en partie dans la roche, d’immenses arbres, la rivière en contrebas ainsi qu’une cascade. Au bout du chemin l’on peut admirer les différents rochers ainsi qu’une magnifique pagode à trois étages. Quelques efforts supplémentaire sont nécessaires pour gravir les quelques marches nous séparant du corps principal du sanctuaire. Malgré les rénovations en cours, l’endroit nous a séduit. Le bâtiment principal en bois est magnifiquement sculpté. Accolés aux rochers, les différents édifices vermillons présentent des sculptures en bois de dragons, de fleurs ainsi que d’autres animaux. 

Une dame japonaise rencontrée à l’entrée du sanctuaire nous accompagne tout au long de la visite. Elle nous explique les différentes statues rencontrées mais également les éléments important du temple, … en japonais. Loin d'être doués en japonais, nous n'avons pas tout compris,  mais nous avons saisi l’essentiel... du moins pour les divinités du bonheur, et c'est bien là le principal.

Si le sanctuaire Haruna-jinja abrite le dieu de la Montagne Haruna-san à savoir le dieu du feu, il est aussi connu pour accueillir le dieu de la pluie. Il est donc possible de venir prier en son sein pour l’extinction des feux, le transport maritime, avoir des récoltes abondantes ou encore un commerce prospère. Il accueille également les Shichifukujins, à savoir les représentations des sept divinités du bonheur (de la chance ou de la bonne fortune) :

• Ebisu : dieu de la fortune, de la richesse et des affaires, il symbolise l’abondance dans les aliments et donc la richesse,
• Benzainten : déesse de la connaissance, la musique, la littérature et de l’art, elle symbolise la chance,
• Daikokuten : dieu de la prospérité et du commerce
• Fukurokuju : dieu de la sagesse et de la longévité
• Hotei : dieu du bonheur et de la prospérité dans les affaires, il est aussi le dieu de la joie, de l’abondance et de la santé,
• Bishamonten : dieu protecteur de la bonté et de la foi, il est symbole d’autorité et de dignité
• Jurojin : dieu de la prospérité, de la sagesse et de la longévité

Alors que nous pensions trouver un sanctuaire lambda parmi d’autres, nous nous sommes retrouvés face à une pure merveille. Le paysage environnant est également fabuleux. Ce sanctuaire est un véritable coup de cœur que nous conseillons à tous ceux qui s’aventureront dans la préfecture de Gunma.

C’est donc avec un petit pincement au cœur que nous quittons le sanctuaire accompagné de notre agréable rencontre que nous déposerons au lac Haruna.

… au milieu d’un cratère…

Ce qui devait être le point d’orgue de notre visite, ne sera finalement qu’une étape parmi d’autres. Arrivés au lac situé dans le cratère du volcan éteint, la visite se fait très rapidement. Le froid glacial du vent aura raison de nous. Le lac aussi joli soit-il n’a pas su nous séduire en cette période de l’année. Il y a pourtant tant de choses à faire : balade en cygne sur le lac, promenade autour du lac, nombreux restaurants, ascension possible du Mont Haruna soit à pieds soit en téléphérique (800 yens par personne aller-retour)...

De nombreux campings, fermés en cette saison, se trouvent autour du lac. Nous sommes persuadés que cet endroit a beaucoup de charme en fin de printemps, l’été, lors des momijis ou sous la neige. Nous sommes malheureusement venus à une période creuse. Pour un imprévu bonus c’est déjà beaucoup.

De nombreuses illuminations de noël étaient en cours d’installation. Ce doit être splendide à la nuit tombée pour ceux qui seraient de passage avant les fêtes de fin d'année. 

Faute de temps pour faire l’ascension du Mont Haruna à pieds, et refusant de payer autant pour un téléphérique, nous continuons notre chemin en direction d’Ikaho. L'ascension vers le sommet du volcan n'est pas nécessaire pour bénéficier d'un beau point de vue. Un peu plus bas, un balcon permet de s'arrêter pour profiter du panorama magnifique sur les Alpes Japonaises.  Un vrai régal pour les yeux.

… jusqu’à une source de fer

Ikaho est connu pour ses nombreux onsens mais surtout pour ses sources riches en fer. Cette ancienne ville fusionnée aujourd'hui avec la ville de Shibukawa présente plusieurs intérêts éloignés les uns des autres. Son centre historique reste sans doute son attrait majeur. Au-delà des onsens, un escalier de 365 marches traversant sur plus de 300 mètres le vieux village permet de rejoindre le sanctuaire Ikaho. Ce "quartier" nous a beaucoup séduit. Maisons et échoppes traditionnelles, petits restaurants, bains de pieds et une atmosphère détendue nous attendent. Il est agréable de s’y balader, de partir à la découverte des différentes petites ruelles, … d’observer les japonais jouer dans de vieilles salles d’arcade où l’électronique est absent : lancé de cercles, tire à la carabine, … Ikaho est resté figé dans un autre temps, et on adore!

Après avoir atteint le sanctuaire, sans réel intérêt, la balade se poursuit en longeant la rivière dont l’eau est riche en fer. La couleur ocre de son lit démontre la présence de ce minerai. Après avoir dépassé le beau pont vermillon, centre d’attention des japonais et lieu photogénique, une petite hutte renfermant deux sources se cache. Un gobelet attaché à la roche permet de mixer la source d'eau riche en fer avec une eau neutre afin de la boire. L’eau riche est fer ayant un fort goût (on a passé nos doigts quand même) et ne connaissant pas les proportions, nous n’avons pas tenté l’expérience. L’oxydation du tuyau ne nous rassure pas non plus. Cela n’a pourtant pas dérangé le japonais juste avant nous. A croire que l’on est vraiment froussards… ou juste préventifs.

Un dernier détour par Mizusawa

Après une heure de balade, nous retrouvons la voiture pour nous rendre aux derniers points d’intérêt d’Ikaho. Situés à quelques kilomètres de là Mizusawa Udon, rue de restaurants servant des nouilles udons froides (on vous parle de cette découverte culinaire ici - article à venir), mais surtout son temple bouddhiste Mizusawa, nous attendent. 

Le séjour prenant fin dans quelques heures, nous faisons un saut expresse au temple Mizusawa “pour le voir”. Encore une fois, cette belle découverte nous démontre que c'est lorsque l’on n’attend rien que l’on est le plus surpris. Le temple est une véritable merveille. Les momijis combinées aux couleurs et ornementations des différents bâtiments nous surprennent. Ce temple coloré - ce qui reste rare au Japon - obtient toute notre attention.

Temple dédié à la déesse de la compassion Kannon, il est l’un des 33 sites du pèlerinage de Kanto Kannon. Sa pagode à deux étages renferme une bizarrerie. En effet, elle comporte une colonne interne rotative permettant aux visiteurs de faire trois demi-tour afin de se porter chance. De nombreux japonais faisaient la queue pour se porter bonheur.  Dernière petite balade au milieu des stands situés à l'entrée du temple, l'heure de rentrer à Kumagaya a sonné. 

Grâce à cette dernière journée de road-trip nous avons pu découvrir une infime partie de la préfecture de Gunma. La visite aura été de courte durée mais riche en découvertes et en rencontre. C’est l’esprit léger que nous revenons à Tokyo. La sensation d’avoir profité de chaque instant de cette journée bonus et d’avoir vu tout ce que nous avions à voir à ce jour dans les valises. La préfecture de Gunma et plus particulièrement cette virée au Mont Haruna nous a séduit. Qui sait, peut-être reviendrons nous un jour!

                                                       Amandine